Manu Slide & the Uke Swing trio

Manu Slide (chant, ukulele, guitare, harmonica, kazoo)
Brian Mc Cormick (guitare, cigarbox, dobro)
Stef Iceman (batterie, washboard)
Ridin’ home (JJ Cale)

Le blues, lien entre les champs de coton et les champs de betteraves (La Voix du Nord, BRUNO TRIGALET, janvier 2023)

MARQUILLIES. Il y avait des amateurs de blues, évidemment. Mais aussi des opposants aux entrepôts
de la future zone d’activité d’Illies-Salomé. En fait, dans la plupart des cas, les gens qui, samedi
soir, assistaient à la salle communale de Marquillies, au concert du Uke Swing trio de Manu Slide appartenaient à la fois à l’un et à l’autre groupe… Pascal Peperstraete, le président de Ch’Moisnil, collectif d’opposants à la construction des entrepôts d’Illies-Salomé, notamment de celui de presque 10 hectares qui est déjà fini, a évidemment profité du concert pour rappeler le sens de sa lutte.
MANU EN SES TERRES
Mais le but de la soirée, qui a réuni environ 130 personnes, était avant tout de prendre plaisir en écoutant
du bon blues. Manu Slide, les amis du collectif, le connaissaient déjà. Au printemps 2021, en version
« homme-orchestre », il avait déjà animé un rassemblement citoyen organisé par Ch’Moisnil à la
ferme des Mottes. Connu à la fois pour l’excellence de ses prestations musicales et pour son engagement
citoyen, Manu Slide est revenu cette fois avec deux camarades, le batteur Stef Iceman et le guitariste
Brian McCormick (des pseudos pour ces deux gars de Flandre profonde).
Pendant toute la soirée, le trio nous a proposé un voyage dans le Sud profond des États-Unis, en Louisiane, dans le Mississippi, le Missouri ou le Tennessee, « une terre qui a en commun avec le Nord de la France une tradition de lutte et un rapport fort à la souffrance au travail ». De Robert Johnson et Charley Patton, les pères fondateurs du blues, à Chuck Berry en passant
par John Lee Hooker ou Bessy Smith, le trio nous a emportés dans cette musique blues et country,
celles des origines, jouée à l’ukulélé, à la guitare, à l’harmonica, au kazoo, au washboard, au dobro
et la cigar box guitar…
Le Lillois Manu Slide est sans doute un des meilleurs joueurs d’ukulélé blues de France (il n’est pas mauvais non plus à la guitare, qu’il appelle drôlement « son gros ukulélé à six cordes »). Il a aussi une incroyable voix de blues qu’on n’entend plus guère que dans les bayous de La Nouvelle-Orléans et qui
fait furieusement penser à celle d’Eric Burdon (le chanteur des Animals), de Ray Dorset (celui de
Mungo Jerry) ou du grand Rory Gallagher. Le bonhomme a un réel talent d’auteur-compositeur
aussi. Des morceaux qu’on croirait écrits par de vrais bluesmen du début du XXe siècle. Dont un superbe
Charlie Patton’s Ghost et un Cassel City Blues dans lequel il a réussi à glisser, caché dans ses paroles
en anglais, le mot pot’je vleesch. Il est fort, ce Manu Slide !

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